Parler de dopage pour justifier les meilleures performances des coureurs des autres nations est une erreur commise par le cyclisme français, estime Cyrille Guimard.
Il y avait comme un air de déjà-vu avec les suspicions de dopage autour de Jonas Vingegaard sur le Tour de France. Et ce que regrette surtout Cyrille Guimard, c’est que les soupçons viennent souvent des coureurs et des managers des équipes françaises, qui partent trop souvent sur le terrain du dopage pour justifier l’écart de performances avec les cadors du peloton international.
« On ne veut pas reconnaître que les autres sont plus forts, qu’on n’a peut-être pas les moyens technologiques ou scientifiques pour arriver à ce niveau-là, mais aussi qu’on (le cyclisme français, ndlr) n’a peut-être pas les coureurs, déplore Cyrille Guimard dans sa chronique pour le site Cyclism’Actu. Si les autres sont plus forts, il faut se demander pourquoi ils le sont et qu’est-ce qu’on peut faire pour rattraper le retard qu’il y a entre les plus forts et nous. Mais ce n’est pas comme ça qu’on raisonne et c’est bien sûr parce qu’ils sont chargés. Ce serait bien d’arrêter quand même car ce même discours, il a lieu au niveau des cadets, au niveau des juniors. Il faut arrêter ce genre de choses et revenir à des choses beaucoup plus rationnelles et beaucoup plus intelligentes. Un peu moins de paranoïa ne ferait pas de mal. »
« On ne fait pas les choses qu’il faut faire »
Pour l’ancien directeur sportif, le problème français se situe notamment dans la formation des coureurs, et explique le retard constaté sur les autres nations. « Je vais redire la même chose que l’an dernier, la même chose qu’il y a deux ans, la même chose qu’il y a trois ans… on est à notre place, il n’y a pas de surprise, regrette le « Druide ». La raison ? Tout commence à la base, tout commence avant 15 ans. C’est là où on n’est pas performant et c’est là où on ne fait pas les choses qu’il faut faire. »
Cyrille Guimard donne un exemple concret: « Dès qu’on commence à augmenter les charges d’entraînement d’un jeune, tout le monde vous dit que vous allez le cramer. Mais c’est le contraire. C’est en ne développant pas certaines qualités à un certain âge que l’on crame un sportif. Ce n’est pas en l’entraînant plus qu’on le crame, mais en ne l’entraînant pas assez. » L’ancien sélectionneur des Bleus craint ainsi que les années qui viennent soient également délicates pour le cyclisme tricolore. « La relève ? C’est très bien ce que réalisent Lenny Martinez et Romain Grégoire par exemple, mais au même âge, il y a aussi bien à l’étranger, voire mieux. La concurrence va être telle maintenant qu’on se demande à quel niveau ils vont se situer », s’interroge Guimard.
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